Une histoire de chiens...

Bonjour,

j'ai encore un petit peu de mal à vous reconnaître tous, savoir quels sont vos petits compagnons et quelle est votre histoire commune ou pas, mais ça va venir!

Afin de vous permettre de nous connaître mieux, voici la nôtre (je m'excuse d'avance pour le parpaing que je vais vous infliger, mais vous n'êtes pas obligés de tout lire d'un coup, hein! ) .

J'ai toujours vécu avec des chiens, mon meilleur ami, quand j'étais petite était un chien absolument hors pair avec lequel je faisais les 400 coups et qui, uniquement par son regard, me donnait l'impression de comprendre toutes mes émotions, et en fonction de celles-ci, changeait son comportement vis à vis de moi, en gardant une énorme délicatesse à mes côtés, quand je le savais "dominant" et intraitable avec les autres chiens mâles qui croisaient sa route.
Ce chien-là, c'était un peu comme mon journal intime et l'épaule d'un ami, le réconfort du feu de cheminée quand il neige à l'extérieur.
Je vous laisse imaginer ma peine immense quand il nous a quittés...

Puis, les années ont passé, et, un peu comme si je ne voulais pas le "trahir" par l'arrivée d'un autre compagnon de son espèce, j'ai eu des chats.
Évidemment, ma "vie de chat" était aux antipodes de celle que j'avais pu avoir avec mon compagnon, mais je m'en accommodais rapidement parce que j'avais un chat "très chien", au final.

Et beaucoup d'années ont passé...

Un jour j'ai décidé avec mon homme (je lui ai un peu forcé la main, j'avoue), que nous allions agrandir notre famille d'un compagnon à quatre pattes.
Après moult réticences, il s'est finalement laissé amadouer, à condition que ce soit un "gros" chien.
Quand j'ai vu Taïa à l'animalerie, j'ai tout de suite jeté mon dévolu sur elle, même si à ce moment-là, je me disais qu'avoir une femelle était peut-être un pari risqué, moi qui n'avais "d'expérience" qu'avec les mâles, finalement.
J'ai pris le risque et nous sommes rentrés à la maison avec la demoiselle qui avait à l'époque environ quatre mois.
Je savais simplement qu'elle venait de Belgique, et moi, dans ma grande ignorance de l'époque, même si je pouvais comprendre que son voyage, son sevrage et cette cage puante dans laquelle elle était enfermée aient pu la traumatiser, je me disais qu'une fois à la maison, passé le temps de faire connaissance, elle oublierait un peu et se sentirait enfin tellement bien que nous formerions tous une famille parfaite.

Je n'étais pas au bout de mes peines.

Outre le problème de la propreté qui a été un réel caillou dans la chaussure pendant des mois et des mois, elle bousculait et faisait pleurer les enfants, elle détruisait tout ce qu'elle pouvait trouver dès que nous avions le dos tourné ou dès que nous dormions.
Au retour ou au réveil, nous pouvions être sûrs d'avoir des dégâts partout à ramasser, nettoyer, racheter...
Bref, ça a été usant, extrêmement usant, cela a duré trois ans de manière quasi quotidienne...
J'en étais arrivée à haïr ma chienne de ce qu'elle m'infligeait et, naturellement, je lui ai tourné le dos. J'avais beaucoup de mal à la caresser, à prendre du plaisir à être avec elle, et plutôt que d'être désagréable avec elle, je me suis mise à la "fuir".
En parallèle, comme nous venions d'emménager dans un immeuble avec du chauffage collectif, j'ai commencé à développer une sorte d'hypersensibilité au niveau des sinus qui me rendait la vie impossible, et entre ses dégradations et les crises d'éternuement que me déclenchaient ses poils, c'en était fini de notre relation "rêvée".

Mon homme était raide dingue de son chien et, même si je culpabilisais de ne pas lui donner tout l'amour qu'elle méritait, je me disais que mon mari en donnait bien assez pour deux et que j'aurai certainement le courage un jour de rattraper le temps perdu.

Je tiens à préciser qu'elle n'a jamais manqué de rien, si ce n'est d'un peu plus de partage avec moi.

Au final, dès que je haussais la voix, pour l'appeler pour la sortie pipi, elle s'aplatissait par terre, s'urinait dessus et rampait pour aller se coller sous la fenêtre. C'était devenu un cercle vicieux.

Un jour, alors que nous étions en vacances chez ma belle-mère, nous avons trouvé une caisse de chatons qui avaient été jetés dans le jardin.
Ni une, ni deux, nous les avons recueillis et les avons montés à la maison avec nous pour les placer près de chez nous afin de leur éviter la mort.

Une des petites chattes de la portée avait pris Taïa pour sa mère et passait son temps à la téter, et Taïa, malgré le fait que le chat la faisait saigner avec ses griffes et sa succion, demeurait impassible et offrait même ses mamelles pour qu'il s'apaise et s'endorme rassuré.

Et ça a été le déclic.

Je pensais vraiment ce chien insensible aux déceptions qu'il nous faisait subir de par ses dégradations, je la voyais même sournoise et méchante, et je lui découvrais un autre visage, celui du chien attentif et qui sait faire preuve d'abnégation pour le bien-être d'un petit être sans défenses.

Je ne sais pas si c'est grâce au chat, le fait est qu'elle n'a plus jamais fait de bêtises. Cela s'est arrêté du jour au lendemain. Et cela nous a permis un certain rapprochement.

Je me suis rendu compte qu'elle me craignait parce que je lui parlais sèchement et que je ne la caressais jamais. Et nous avons appris à nous refaire confiance.

Aujourd'hui, elle est encore un peu craintive quand je me fâche après les enfants, elle pense que je l'engueule, et elle va se coller sous la fenêtre, mais dès qu'elle peut même si j'ai le dos tourné, elle vient se coller à moi, elle me fait la fête au réveil et quand je rentre (ce qu'elle ne faisait jamais les premières années), réclamer des caresses, me lécher les mains, je n'ai plus besoin de lui parler, elle comprend tout de suite ce que j'attends d'elle. Elle est devenue, grâce à ce chat, finalement, et à la maturité que nous avons travaillée ensemble, un compagnon qui compte beaucoup pour moi.

Effy est arrivée il y a 9 mois, juste après mon second accident cérébral. J'avais besoin, dans mon désarroi, d'avoir ce compagnon que j'avais eu dans mon enfance.

Je l'ai eue quand elle avait deux mois. Son éleveuse n'en voulait pas parce qu'étant bégüe, elle ne pourrait pas faire de concours et du coup, elle ne l'intéressait pas.

Je l'ai recueillie comme un moineau blessé, j'ai ressenti sa souffrance et je l'ai tout de suite prise en charge comme si j'étais sa "mère".
Etant donné sa petite taille, je l'ai emmenée partout avec moi, au quotidien, elle a été très vite sociabilisée et très sociable.
Elle n'a jamais rien détruit à la maison, même quand elle était seule (elle a juste vidé quelques poubelles, c'est la seule bêtise qu'elle ait faite), elle a appris à faire dans une caisse à chats pour que nous puissions faire un peu la grasse matinée le dimanche matin, elle est douce et câline, indépendante mais pas trop, me suit comme mon ombre et se couche sur moi dès qu'elle le peut... même quand je fais la cuisine ou la vaisselle, elle se couche sur mes pieds!
Elle est... ma bouffée d'oxygène.

Entre les deux copines, ça a été tendu au début, la petite faisait fuir la grosse et ça finissait en course poursuite. Puis la grosse a fini par se laisser approcher et depuis, quand j'ai le malheur d'emmener la petite avec moi, la grosse me jette un regard de désespoir total signifiant, "non, s'il te plaît, laisse-moi ma copine..."

Voilà, ça a été long, mais ça vous aidera à mieux nous connaître et à connaître mes deux loustics!

C'est un très beau pavé, très digeste!! !!

Et c'est une bien belle histoire, l'évolution de ta relation avec Taïa... cette rencontre avec ce chaton... et l'évolution de ton regard!!

aux 2 "frangines"!!

beau parpaing en effet mais très belle histoire...

à tes 2 belles!

C'est déjà fini ?
Passionnante votre histoire.

Finalement ça va bien mieux ta relation avec Taïa (vs ta présentation) ?
Ne penses-tu pas que ce pourrait être ton regard qui a changé ta chienne ? (suis-je claire ?)

Pour la petite, concrètement, qu'est-ce que ça change pour elle d'être bégüe ? Pourquoi emmènes-tu l'une et pas l'autre ?

Tu remarqueras qu'on pose toujours moult questions ici, sans forcément des arrières-pensées !

Magnifique l'histoire de Taia, j'en arrètais de respirer, j'ai poussé un ouf à l'histoire du chaton.
Marrant l'histoire d'Effy, ma bichounette, c'est une laissée pour compte, rendue boiteuse à dix semaines à peine puis rejetée par ce client indélicat chez son éleveuse.
Donnée trois fois, jetée tout autant, cette boiteuse maudite avait jeté son dévolu sur moi, elle n'avait que six mois.
Et ma lili est toujours là, elle a trois ans.
Comme pour Effy, les gens passent à coté de vrais boules d'amour..
Caresses aux loupiottes

Bandita a écrit:C'est déjà fini ?
Passionnante votre histoire.

Finalement ça va bien mieux ta relation avec Taïa (vs ta présentation) ?
Ne penses-tu pas que ce pourrait être ton regard qui a changé ta chienne ? (suis-je claire ?)

Pour la petite, concrètement, qu'est-ce que ça change pour elle d'être bégüe ? Pourquoi emmènes-tu l'une et pas l'autre ?

Tu remarqueras qu'on pose toujours moult questions ici, sans forcément des arrières-pensées !

Oui, déjà fini, mais seulement pour cette partie-là!

Ma relation avec Taïa s'est nettement améliorée, même si je suis encore un peu trop "respectueuse", j'ai vraiment mal vécu le fait d'avoir été sèche avec elle, ce n'est pas dans ma nature, mais j'avais du ressentiment envers elle à cause de ses dégâts.
Du coup, je la traite avec beaucoup d'égards, nous nous apprivoisons l'une l'autre et on essaie de rattraper le temps perdu. Ce ne sont pas encore les grandes effusions avec les roulades par terre, mais ça ressemble à une grande amitié qui se construit sur la confiance et l'amour.

Mon regard a changé envers elle, suite à l'épisode du minou, c'est sûr. En fait, je suis très "maternante" et j'ai eu vraiment du mal à l'être avec elle les premières années.
Je pense qu'elle s'est rendue compte que j'attachais de l'importance à ces chatons, et sans se sentir en danger de perdre sa place parce que ce n'étaient pas des chiens, elle a fait ce que j'attendais d'elle, c'est-à-dire les accepter, et cela a été au-delà de mes espérances. J'ai éprouvé de la reconnaissance.

Pour la petite, le fait d'être bégüe (c'est le fait d'avoir la mâchoire supérieure trop avancée par rapport à la mâchoire inférieure), la rend inapte aux concours car c'est rédhibitoire. Ce qui fait que l'éleveuse n'en voulait pas, elle ne faisait des portées que pour les expositions.

Personnellement, moi, je m'en contrefiche, je l'aime, c'est tout.

Et pour finir, j'emmène la petite dans son "sac à chien" en bandoulière sur mon... scooter!
Je n'ai pas le permis et Taïa est beaucoup trop grosse et peureuse pour monter sur le plancher qui vibre...

Tu n dois pas culpabiliser mais remercier taia qui t'a apporté un regard nouveau sur votre relation ..
Chaque chien nous apporte quelque chose quelle que soit notre vécu avec lui...

Chance2 a écrit:Magnifique l'histoire de Taia, j'en arrètais de respirer, j'ai poussé un ouf à l'histoire du chaton.
Marrant l'histoire d'Effy, ma bichounette, c'est une laissée pour compte, rendue boiteuse à dix semaines à peine puis rejetée par ce client indélicat chez son éleveuse.
Donnée trois fois, jetée tout autant, cette boiteuse maudite avait jeté son dévolu sur moi, elle n'avait que six mois.
Et ma lili est toujours là, elle a trois ans.
Comme pour Effy, les gens passent à coté de vrais boules d'amour..
Caresses aux loupiottes

Oui, Chance, ça a été vraiment un calvaire pour toutes les deux au début, pour moi parce que je lui en voulais et pour elle parce qu'elle ne comprenait pas pourquoi je me renfermais.

Lili a beaucoup de chance d'être tombée sur quelqu'un comme toi. C'est vrai que les tares sont un problème pour les gens qui ne cherchent que des chiens très beaux, bien faits, dont ils puissent être fiers. Mais ce n'est pas aimer un chien, ça, c'est le prendre pour un trophée, un accessoire de mode.
Quand j'ai vu Effy, c'était une toute petite boule de poils, bon, j'avoue qu'elle était attendrissante et que franchement, son défaut n'est pas visible "à l'oeil nu", mais ce qui m'a le plus touchée, c'est son regard.
L'éleveuse m'a clairement fait comprendre que si je ne la prenais pas, c'était au fond du puits qu'elle finirait.
Je vous laisse imaginer ce que ça m'a fait
Effy était, à cause de sa malformation, incapable de manger seule son bol de croquettes. J'ai été obligée de la nourrir à la main, de la surveiller car elle n'arrivait pas à mâcher, pour qu'elle ne s'étouffe pas, de lui apprendre à manger...

Les chiens qui ne sont pas comme les autres sont encore plus à l'écoute (peut-être parce que nous sommes nous-mêmes encore plus à leur écoute), ils ont une communication incroyable qui passe dans leurs yeux.

Et, ce n'est pas tant l'apparence du chien qui compte que l'histoire qu'on tisse avec lui.

Je comprends tout à fait que tu aies culpabilisé... Difficile d'aimer un chien qui est l'inverse de ce qu'on attend de lui... Pas évident non plus, sans connaissance, de se dire qu'il n'y est finalement pour rien. Au début la faute aux conditions de vie (j'imagine une naissance et conditions de vie lamentables dans les pays de l'Est, transition et régularisation par la Belgique, enfin animalerie en France qui est loin d'être le must pour la socialisation), puis l'engrenage de la maîtresse qui s'énerve et qui empire les petits soucis de la chienne...

J'ai vécu une histoire similaire avec Chipie que j'ai adopté à la SPA en septembre 2008. Elle me grognait dessus, attaquait Bandit (MON bébé chéri d'amour), j'avais du mal à encaisser. Heureusement il y avait Dédé et les copines, ça m'a évité de faire des bêtises. Et finalement après un long travail de mise en confiance, elle m'a acceptée. Le fait qu'il ait fallu la mériter a renforcé notre relation, je me suis aussi rendue compte que les grognements envers moi étaient de la méfiance, de la peur à l'égard de l'inconnue que j'étais, tout était légitime. Aujourd'hui, je suis raide dingue de ma toutoune, super maligne, câline, au caractère bien trempé mais malgré tout hyper facile.

Je pense que le décalage des mâchoires que l'on appelle plus communément "prognatisme" est le cas de nombreux chiens (les bouledogues notamment) et ils mangent comme les autres... Je connais un Momo (Lhassa apso) qui déguste croquettes comme cuisse de poulet normalement. Pourquoi a-t-il fallu que tu procèdes autrement ?

Les chiens qui ne sont pas comme les autres sont encore plus à l'écoute

Comment saurait-elle qu'elle est différente ? C'est toi qui crois qu'elle est différente et le regard que tu lui envoies, non ?

Oui c'est sûr, ses premières semaines de vie n'ont pas dû être faciles. Mais je ne me suis jamais énervée après elle, en fait, j'ai été très patiente, pendant des mois et des mois, et au final, de lassitude, voyant que rien n'y faisait, j'ai été de plus en plus sèche et de plus en plus lointaine. J'en finissais à ne jamais réussir à passer de bons moments avec elle parce que j'avais du ressentiment... Mais c'est de l'histoire ancienne

Le prognatisme est inférieur, en général, celui d'Effy est supérieur. En fait, Effy voyait bien Taïa s'alimenter et se rendait bien compte qu'elle n'arrivait pas à faire de même, elle se désespérait vraiment. Il a fallu que je la nourrisse à la main, pour mettre la nourriture à sa hauteur et épouser sa gueule avec ma main, pour qu'elle puisse bien attraper les croquettes, mais elle les avalait tout rond, impossible pour elle de mâcher correctement parce que ses dents ne correspondaient pas, du coup, ça tombait sur les côtés.
Petit à petit, elle a appris à attraper ses croquettes en les collant sur sa langue, et une fois perdues ses dents de lait, sa nouvelle dentition a amélioré le problème.
Aujourd'hui, elle mange mieux, mais elle est encore un peu maigrichonne parce qu'elle n'arrive pas à manger suffisamment, elle a encore tendance à avaler tout rond, ça la fatigue vite.
Ça a demandé un certain temps d'adaptation pour elle, mais je ne désespère pas, elle est très maline

Grosses à tes loulous!